Profession de foi de G.A.R.Ç.E.S.

Nous, membres du collectif G.A.R.Ç.E.S., conscient-e-s que le combat féministe – combat pour la libération des femmes et des minorités sexuelles et pour le dépassement des catégories de genre, construites et imposées par notre société hétéro-patriarcale – loin d’être dépassé, reste fondamental et nécessaire, désirons nous battre pour une société juste et égalitaire, où chaque individu serait libéré de toute forme d’oppression et d’aliénation.

Nous dénonçons et refusons la société hétéro-patriarcale, fondée sur la division sexuelle du travail et la séparation binaire de l’humanité en deux identités immuables et figées. Nous refusons l’enfermement de la femme dans le rôle reproductif et de l’homme dans le rôle productif parce que l’assignation de la femme à la sphère domestique, dans laquelle le travail n’est pas reconnu comme tel, représente une sphère d’oppression spécifique et parce que cette division sexuelle du travail découle d’une représentation normative fondée sur le sexe, rendant impossible l’émancipation et la liberté de chaque individu. Nous défendons un projet de transformation sociale féministe parce que cette hétéronormativité stigmatise les homosexuel-le-s, bisexuel-le-s, transgenres, transsexuel-le-s et intersexes, et oblige les individus à suivre des normes sexuelles et genrées au détriment de leur épanouissement. Nous défendons une société où tous les individus peuvent s’émanciper par le dépassement de leur condition matérielle et identitaire, une société libérée de l’oppression domestique patriarcale et de l’oppression hétéronormée.

Pour cela, nous proposons un féminisme de lutte et unitaire. De lutte, car tout ce que les femmes ont gagné et gagneront s’est fait et se fera par les mobilisations et par l’organisation collective. C’est par la construction permanente du rapport de force en faveur de l’idée d’émancipation, c’est-à-dire en s’organisant de manière unitaire et en renforçant le mouvement féministe partout où cela est possible, que l’hétéro-patriarcat pourra être contesté et, à terme, aboli. Agir partout, c’est également ne pas se cantonner au cadre législatif et institutionnel, mais organiser la lutte à tous les niveaux de la société. La lutte féministe est pleinement nécessaire aujourd’hui encore  pour conserver les acquis des combats féministes passés et arriver à l’égalité réelle. L’oppression des femmes et des minorités sexuelles ne doit pas cacher les autres formes d’oppression, économique, raciale, etc. : c’est par une convergence des luttes que nous parviendrons à transformer la société. Ainsi, si les femmes, de même que les personnes stigmatisées selon leur appartenance à une catégorie sexuelle et/ou de genre, subissent une oppression commune et spécifique, demandant une organisation autonome, elles ne sont pas toutes opprimées de la même façon, selon leur classe, leur origine(s),  leur(s) sexualité(s). C’est en prenant conscience de ces différences et en les intégrant à la fois à une lutte féministe globale et aux luttes contre toutes les autres oppressions auxquelles les femmes font face au sein de la société, que nous pourrons dépasser toute forme de domination hétéro-patriarcale.

Parce que, pour nous, le féminisme n’est pas une question de sexe mais de changement radical de la société, nous sommes en faveur d’un cadre mixte d’action. Nous pensons que c’est par une lutte conjointe avec les hommes, à la fois acteurs et victimes du schéma hétéro-patriarcal, que nous pourrons bouleverser le modèle dominant de la société. Pour autant, tant qu’il y aura de la domination masculine dans notre société, nous reconnaissons l’importance primordiale des cadres non-mixtes, étant entendu qu’ils sont un cadre autonome de résistance à l’oppression dont il est important de se saisir dans une perspective d’auto-émancipation, que ce soit pour les femmes ou pour les minorités sexuelles.

G.A.R.Ç.E.S. propose de rassembler toutes les personnes adhérant à ces valeurs et à ce projet féministe de transformation sociale.

A Sciences Po, nous agirons en :

  •    Informant et sensibilisant notre milieu à travers des campagnes et des publications régulières
  •    Dénonçant toutes les dérives sexistes et en combattant toute forme d’essentialisation des genres et des sexes
  •    Mobilisant les usagers de l’établissement à travers des actions concrètes
  •    Nous alliant à toutes les organisations, associations et collectifs qui existent à Sciences Po et  ailleurs afin de mener une action féministe d’ampleur
  •     Construisant des cadres autonomes de réflexion et d’action

Toute personne n’étant pas de Sciences Po mais partageant nos valeurs peut nous rejoindre. Nos réunions, mixtes ou non-mixtes, sont ainsi ouvertes à toutes et tous. Nous participons par ailleurs à la création d’un collectif féministe interfacs à Paris.