Nos fantasmes, nos pratiques, notre vision et nos expériences sexuelles sont fortement influencés par notre société. Nos préférences individuelles sont façonnées et formatées par les représentations que nous avons de la sexualité. Au cinéma, dans la littérature, la musique, les médias etc., la sexualité est partout. Partout mais toujours identique.
Parce que ce sont les dominants qui ont le plus de moyens de production culturelle et de diffusion, le point de vue dominant est celui du mâle blanc cis-hétéro et valide. Les corps sont blancs et filiformes, les canons de beauté très stricts, les sexes représentés hyper normés. Les relations suivent des schémas narratifs non renouvelés (préliminaire-pénétration) et les sexualités non hétérosexuelles sont invisibilisées.
Pourtant d’autres discours, d’autres points de vue et d’autres productions existent, bien que marginalisés.
GARCES a tenté à travers ce cycle questionner les sexualités de manière très large et déconstruire nos représentations et nos pratiques normées.
Une série de conférences et de projections a été organisé autour des représentations des sexualités féminines hétéro, lesbiennes, bi, queer, leur normativité, leur invisibilisation dans l’imaginaire collectif, la culture populaire, le rap, la bande dessinée, la pornographie etc.
Des ateliers ont été mis en place en parallèle pour partager nos expériences dans un cadre plus intimiste et pour nous réapproprier nos sexualités, nos pratiques et nos corps.
BD et sexualité
Jeudi 3 novembre 2016
CONFERENCE
IntervenantEs :
Cy, dessinatrice de BD aux éditions Lapin et bloggueuse [blog]
Diglee, dessinatrice de BD aux éditions Marabout et bloggueuse [blog]
Eva et Nat, militantEs féministes et membres de Plaisir de meufs
Résumé
Cy et Diglee ont commencé à parler de sexualité dans leur strips parce qu’elles racontaient leur quotidien et qu’elles ne voulaient pas mettre de côté la sexualité qui en fait partie. Cy raconte aussi des anecdotes de ses lecteur-trice-s. Plaisir de meufs d’un autre côté, c’est un groupe de meufs féministes qui voulaient parler sexe sans complexe, tout en étant filmées. Elles ont ensuite contacté une dessinatrice pour mettre en image leurs discussions.
Les corps, les sexes sont souvent représentés dans la BD de manière très lissée : des corps blancs, valides, filiformes. Les organes génitaux sont aussi très formatés. C’est un vrai travail de déconstruction pour les auteurEs de représenter d’autres femmes, d’autres couleurs de peau, d’autres morphologies, d’autres sexes, qui se fait sur le long terme et grâce aux critiques qu’on leur fait, et qui a commencé par une prise de conscience féministe.
Cy a voulu dessiné des sexualités invisibilisées notamment la sexualité des femmes enceintes ou des personnes avec diversité-fonctionnelle. Elle s’est basée sur des témoignages et a découvert des sexualités tabous qu’elle ne connaissait pas.
Diglee a vu une de ses couvertures refusée sous prétexte que l’héroïne était trop ronde. D’autre part, un dessin de nu d’une femme noire, grosse, portant un harnais SM a été censuré sur Instagram alors même que ses autres nus n’ont jamais été supprimé, sûrement parce que ce n’était pas une représentation excitante pour la norme dominante. Plaisir de meufs reçoit de son côté plein de messages d’encouragement et de soutien des internautes, mais le projet ne semble pas intéressé les éditeur-trice-s.
La bande dessinée reste encore un milieu assez normé, surtout du côté des éditeur-trice-s mais Internet permet à d’autres représentations de se développer. La BD peut être un très bon moyen de parler de consentement, de santé, et de donner de la visibilité à d’autres pratiques.
Turn me on – Film de Jannicke Systad Jacobsen
Janvier 2017
PROJECTION-DEBAT
Le film aborde la sexualité d’une adolescente suédoise et ses fantasmes. Il adopte son point de vue et aborde sans détour le plaisir, la masturbation et le désir.
Body positive
Jeudi 9 février 2017
ATELIER
Cet atelier a commencé par une présentation du mouvement body positive (“all bodies are good bodies”) et son histoire. S’en est suivi une discussion entre les participantEs et la création de personnages par le dessin ou à l’écrit hors normes.
Exotisme et construction blanche des sexualités des non-blanc.he.s
Mardi 21 février 2017
CONFERENCE
Les intervenantEs, par ordre d’intervention :
Fatima KHEMILAT, doctorante en Sciences Politique à Sciences Po Aix
Mrs Roots, blogueuse afroféministe et auteure aux Éditions Synapse et aux Editions Bilibok [blog]
Sharone OMANKOY, blogueuse et militante afroféministe, impliquée notamment dans la lutte contre le VIH/sida [blog]
Wissale ACHARGUI, étudiante en histoire et activiste intersectionnelle, membre du collectif Féministes contre le cyberharcèlement
Chantal ZABUS, Professeure d’Études Postcoloniales Comparées et de Genre à l’Université Paris 13-Sorbonne Paris Cité
La conférence en vidéo ICI
Avec les interventions suivantes :
“Hypersexualisation et figure de la matriarche : des injonctions paradoxales faites aux femmes racisées” de Fatima Khemilat à partir de 9mn45s
« Panthère noire ou la perception de la sexualité féminine et noire en Occident » de Mrs Roots, à partir de 39mn50s
« Décolonisation des imaginaires érotiques » de Sharone Omankoy, à partir de 58mn20s
« Beurette et hypersexualisation des diasporas maghrébines : balade dans l’inconscient colonial » de Wissale Achargui à partir de 1h21mn10s
“Post-queering Africa” de Chantal Zabus, à partir d’1h49mn
Queerness et Afrodescendance
Mardi 9 mai 2017
CONFERENCE
Avec Equal
Les intervenantEs :
Chloé, afro-féministe queer, membre du collectif MWASI
Franck Doucet, Membre de l’association LGBT « Paris Black Pride » – Étudiant en M2 science politique à l’Université Paris 8 Vincennes/St-Denis
Jean Zaganiaris, enseignant-chercheur en sociologie à l’EGE de Rabat, Maroc. (en intervention vidéo)
Comment s’articulent queerness et Afrodescendance ?
Les sexualités non hétéro normatives en Afrique et dans ses diasporas sont non seulement fortement invisibilisées, mais également considérés comme le produit d’une réalité post-coloniale (donc récente) et blanche alors que ces sexualités sont anciennes.
L’identité noire et queer relève d’une situation d’intersectionnalité dans laquelle les personnes concernées doivent faire face, d’un côté, au racisme dans les communautés LGBTQ, de l’autre, à la LGBTQphobie dans les communautés noires, devant créer ainsi des espaces d’expression et de performance identitaires autres et plus largement des moyens de réappropriation en vue d’une identité positive innovante, notamment à travers voguing, le BDSM ou le kink.
Repenser les débats sur rap et (hétéro)sexisme : pour une critique intersectionnelle
Mardi 16 mai 2017
CONFERENCE
Intervenant :
Keivan Djavadzadeh, Doctorant et ATER au département de science politique (Cresppa-LabToP / Université Paris 8) travaille sur les études sur le genre, la race et l’ethnicité, les politiques des industries culturelles (notamment la question de l’appropriation culturelle), la sociologie des médias et les musiques et cultures populaires.
La vidéo de la conférence ICI
Dans quelle mesure le rap reflète, de manière profonde, notre réalité ? Peut-on affirmer de manière binaire que “le rap est sexiste”, ou au contraire que “le rap est féministe” ? La pop culture peut-elle être une source d’empowerment ou demeure-t-elle intrinsèquement une source d’objectivation des femmes, notamment noires ? Comment enfin articuler la pop culture aux groupes marginalisés, femmes, queer et raciséEs ?
Mini cycle
La pornographie, entre assujettissement et empowerment : miroir de la société ou simple construction fictionnelle ?
En partenariat avec la QUEER WEEK
La pornographie est au coeur de nos représentations de la sexualité et des pratiques sexuelles. Et le porno mainstream véhicule avec force nombre de clichés sexistes et racistes.
Ce cycle interroge les représentations pornographiques, leurs origines et leurs fondements, en les articulant avec les notions d’assujettissement et d’empowerment. Le rôle de l’industrie pornographique et les résistances qui s’y opposent – pornographie féministe et queer – sont au cœur de cette réflexion.
Post-Porn – Films d’Erika Lust
Jeudi 9 mars 2017
PROJECTION-DEBAT
9 courts-métrages de la série Xconfessions d’Erika Lust, réalisatrice, scénariste et productrice de pornos féministes.
Courts-métrages de CrashPadSeries, plateforme de Pink & White Productions, société américaine de films pornographiques queer dédiée à la production des images sexy et excitants qui reflètent les frontières diffuses de genre et des sexualités fluides, dirigée par Shine Louise Houston.
Récompenses
Meilleure site web au Feminist Porn awards pour http://xconfessions.com/, Toronto 2015.
Meilleur film de l’année pour Cabaret Desire, Feminist Porn Awards, Toronto 2012.
Porno, Stigmatisation et Racisme
Lundi 13 mars 2017
ATELIER
Wissale ACHARGUI, étudiante en histoire et activiste intersectionnelle, membre du collectif Féministes contre le cyberharcèlement
Le genre, la race, la religion ou d’autres types d’identifications, sont investies dans la pornographie. Pourquoi investir ces critères dans la pornographie ? Pourquoi la race, la religion etc doivent devenir un critère d’identification du type de pornographie face à laquelle on se trouve ? S’agit-il d’un simple processus global de stigmatisation ou y a-t-il quelque chose de particulier autour des stigmatisations raciales et religieuses ?
Pourquoi la pornographie ?
Lundi 13 mars 2017
CONFERENCE
IntervenantEs :
Carmina AMA, rédactrice pour letagparfait.com et lebonfap.com, camgirl, blogueuse [blog]
Sam Bourcier, maître de conférences à l’université Lille III en cultural studies, militant queer
François Ronan-Dubois, doctorant en Lettres et Arts à l’Université Stendhal Grenoble 3
La vidéo de la conférence ICI
Qu’est ce que la pornographie ? Est-ce vraiment une invention du XXème siècle ? Englobe-t-elle d’autres formes de représentation des sexualités que celles proposées par la vidéo et la photo ? Quelles images des sexualités renvoie la pornographie dominante ? Dans quelle mesure la pornographie peut-elle être un lieu de réappropriation positive de la sexualité et des corps ?
Post Porn : politiser les corps et les sexualités
Vendredi 17 mars
CONFERENCE
Les intervenantEs :
Sarah de Vicomte, chroniqueuse pour Barbieturix, photographe et réalisatrice de porno lesbiens
Bruce, réalisateur et activiste trans. [vidéo]
Florian Vörös, chercheur en sociologie des médias et cultural studies, Paris 8
De quelles manières le « post-porn » nous invite à repenser, voire même dépasser, les codes du porno « mainstream »?
Quel(s) diagnostic(s) fait-on de l’industrie porno « mainstream » depuis des points de vue féministes, queer? Comment le « post-porn » se situe-t-il face à cette industrie ? Quelles propositions fait-il pour repenser nos rapports aux images, aux corps et sexualités ?
Self-ish sexualités
Vendredi 17 mars
SCENE OUVERTE
Partenariat avec Self-ish [FB]
GARCES et la QUEER WEEK ont été partenaire de Self-ish pour un soir, sur le thème de la sexualité.
Self-ish est une scène ouverte meufs, trans et/ou non binaires exposant aussi des artistes plasticien.nes.